« Nous nous sommes rendus sur place le 8 mars vers 5h du matin. L’homme en question était pris en flagrant délit, avec de la viande de lémuriens déjà cuite. On a quand même pu identifier qu’il s’agit bien d’un lémurien. Il a été aussitôt arrêté et a avoué le fait lors de l’enquête auprès de la Gendarmerie. Son arme a également été mise en dépôt. Après son déferrement au Parquet, le 10 mars dernier, le suspect est placé sous contrôle judiciaire », ajoute notre source locale. Son procès se tiendra le 31 mars prochain, selon les informations recueillies.
Des pièges auprès des aires protégées
L’homme, d’une quarantaine d’année, arrêté à Maroantsetra la semaine dernière, serait un adepte de chasse aux lémuriens, selon les informations recueillies par les patrouilleurs. Ces derniers ne disposent pourtant pas de preuves pour le confirmer. Le suspect étant le premier pris en flagrant délit de consommation auprès de ce cantonnement. « Lors de nos patrouilles forestières, nous trouvons souvent des pièges à lémuriens auprès des aires protégées, sans aucun animal saisi. D’un autre côté, certains ménages détiennent des lémuriens chez eux comme animaux domestiques. Dans ce cas, nous reprenons ces espèces protégées et les ramènent dans la forêt », confie notre source.
Ce cas à Maroantsetra n’est pas isolé. Deux personnes ont été arrêtées à Antalaha, en septembre 2016, après avoir chassé et tué une dizaine de lémuriens transportés dans deux sacs. Certains d’entre les « Akomba » ont été déjà grillés, prêts à être consommés. Ces espèces auraient été chassées dans l’aire protégée d’Ampisikina, Région de SAVA. En 2014, le rapport de Conservation international a aussi alerté les autorités compétentes sur la vente de l’indri entre 10.000 et 20.000 ariary, selon sa taille. Un plat préparé se vendait à 5.000 ariary, tandis que la vente à domicile a été négociée entre 8.000 et 10 000 ariary.
Pour sa part, le MEDD rappelle que le commerce des lémuriens est interdit et leur exportation n’est autorisée qu’à des fins exclusivement scientifiques. De plus, la possession, l’achat, l’acquisition à des fins commerciales, l’utilisation dans un but lucratif, le transport des lémuriens qui sont classés en annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d'extinction (CITES) sont sanctionnés d’un emprisonnement de 6 mois à 2 ans et d’une amende de 10 à 50 millions d’ariary. Aussi, le ministère de tutelle encourage le public à dénoncer toutes infractions y afférentes auprès des autorités concernées.
Recueillis par Patricia Ramavonirina